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Le projet

Normâle

 

Le projet Normâle a pour but principal de relayer la parole des hommes au sujet de leur corps, de comment ils le perçoivent, vivent avec face aux normes de masculinité et de virilité. Vingt-trois hommes ont accepté de livrer leurs réflexions à notre micro. Les conversations ont été longues et nous les avons rendues les plus intelligibles possible. Globalement, ce projet comporte peu d'écrit et beaucoup d'audio. C'est un choix. Les mots et les tons utilisés sont importants. Seules les voix permettent de plonger dans leur intimité. 

En amont de ce site a été réalisé un long travail d'état de la littérature et de réflexions sur le corps, la socialisation, les masculinités et la virilité. Pour approfondir certaines thématiques, une page Ressources a été créée. Elle regroupe une partie des sources qui nous ont permis de tisser notre pensée.

Nous souhaitons apporter une précision : le terme "hommes" est à comprendre, ici, comme "hommes cisgenres".

Pour reprendre les mots de Simone de Beauvoir, nous attirons l’attention sur le fait que lorsque nous employons les mots "homme" ou "masculin", nous ne nous réfèrerons à « aucun archétype, à aucune immuable essence ; après la plupart de nos affirmations, il faut sous-entendre « dans l’état actuel de l’éducation et des mœurs ». Il ne s’agit pas ici d’énoncer des vérités éternelles [...] ».

Genèse du projet

Deux constats sont à l'origine de ce projet. 

Le premier est la difficulté qu’ont la majorité des hommes à parler d’eux, à s’exprimer sur leurs émotions et sentiments, ce qui les touche, les habite et les traverse. Soit ils n’en parlent pas, soit ils le font sur le ton de l’humour. Un second degré comme marqueur d’une moindre importance ou comme masque à quelque chose de plus profond :

 

 

 

Ce constat, l’autrice Virginie Despentes l’explique, notamment, par une intériorisation des fragilités masculines prenant racine dans l’éducation, les injonctions à « être fort » et « cacher sa vulnérabilité ». Or, nous sommes persuadées que, si nous souhaitons l’égalité – et nous le souhaitons résolument –, il faut prendre celle-ci par les deux bouts, c’est-à-dire laisser parler et écouter à la fois les femmes et les hommes. Certes, dire représente un danger et se raconter rend vulnérable. Mais, prendre la parole n’est-ce pas aussi se donner la possibilité de construire une nouvelle réalité? Nous pensons, en effet, que les hommes doivent se réapproprier l’espace des « masculinités » pour choisir le contenu qu’ils veulent y mettre. Ce n’est que par la parole qu’ils – mais aussi les femmes – pourront s’émanciper d’une masculinité hégémonique aliénante et refonder les bases de nouvelles masculinités plurielles, lesquelles sont une « condition indispensable d’un meilleur équilibre des relations entre les deux sexes ». 

Le deuxième constat est l’absence de discours sur le corps des hommes. Si le corps des femmes a fait l’objet de nombreuses études et analyses – surtout dans le domaine de la publicité – le corps des hommes est, quant à lui, resté davantage dans l’ombre des débats. Leur invisibilité a, d’abord, été présente dans l’ensemble de la tradition socio- anthropologique où les études prenaient pour sujets de recherche les hommes mais non en tant que catégorie sexuée. Considérer les hommes comme référents neutres a été défini par la sociologue Maxine Molyneux, en 1977, sous le terme d’androcentrisme. Il s’agit de:

 

La même année, en France, Andrée Michel, également sociologue, appelle la nouvelle génération à combler le manque de recherches en sciences humaines sur les rapports sociaux de sexe, lorsqu’elle écrit :

 

 

Ensuite, l’invisibilité du corps des hommes s’est poursuivie lors des prémisses des études de genre qui se sont, dans un premier temps, focalisées sur les femmes. Globalement, les travaux sur les masculinités ont émergé fin des années 1980 avec, notamment, les travaux de Michael Kimmel et Michael Messner, Christine Castelain-Meunier et, plus tard, Daniel Welzer-Lang et Raewyn Connell. Nous pouvons également mentionner George Falconnet et Nadine Lefaucheur qui font office de précurseurs en ayant publié leur ouvrage La Fabrication des mâles en 1975, lequel avait notamment pour but de circonscrire « le contenu de l’idéologie masculine » à partir d’une trentaine d’interviews et l’étude de quatre cents annonces publicitaires.

 

Il faudra attendre 2013 pour que l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) de Paris accueille un premier colloque international sur « les masculinités au prisme de l’hégémonie ».

Et, preuve que le sujet soulève de plus en plus d’interrogations, l’Université Stony Brook de Long Island, dans l’État de New York faisait office de figure de proue en annonçant, en 2015, la création d’un master en « Masculinity Studies » dans les prochaines années à venir.
 

« Ils aiment parler des femmes, les hommes. Ça leur évite de parler d'eux. [...] Pourquoi ce silence sur ce qui les concerne? Car on sait que plus ils parlent, moins ils disent. De l'essentiel, de ce qu'ils ont vraiment en tête [...]. De quelle autonomie les hommes ont-ils si peur qu’ils continuent de se taire, de ne rien inventer? »

« un biais théorique et idéologique qui se centre principalement et parfois exclusivement sur les sujets hommes (male subjects) et sur les rapports qui sont établis entre eux. Dans les sciences sociales, ceci signifie la tendance à exclure les femmes des études historiques et sociologiques et à accorder une attention inadéquate aux rapports sociaux dans lesquels elles sont situées. »

« Désormais, il appartiendra à une nouvelle génération de chercheurs en sciences sociales de démystifier ce que l’histoire, l’anthropologie, l’économie politique, la philosophie et la sociologie ont masqué jusqu’ici, à savoir que la stratification sexuelle est encore une composante de nos sociétés industrielles avancées et qu’elle est le plus souvent occultée dans les sciences sociales, par des postulats tenus pour acquis et par l’importance excessive accordée dans ces sciences à la problématique des classes sociales aux dépens de la problématique des hiérarchies sexuelles et des rôles des sexes chargés de les perpétuer. »

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